vendredi 17 avril 2015

C'est la quille !

Extrait du dernier article qui résume bien ma journée...


" Mes premiers jours à tes côtés ont été, je dois l’avouer, un peu hésitant. Je me suis demandée si j’avais fais le bon choix en m’installant auprès de toi. Je me suis demandée si tu allais accepter mon cabinet fraichement ouvert, alors que tes habitants n’avaient jamais accueillie d’infirmières auparavant, et qu’ils avaient tous leurs habitudes avec mes consœurs des communes avoisinantes. Chez toi, parfois, on reste coincé pendant des plombes derrières des tracteurs, des voitures sans permis et des chevaux sortis faire un tour avec leurs cavaliers. Chez toi, parfois, on reste bloqué à un stop parce qu'une petite mamie venu donner des nouvelles d'un petit-fils (que je suis censé connaitre mais qui ne me dit rien) reste accrochée au rétro de l'auto. Chez toi, parfois, on marche dans la boue ou dans la bouse. Chez toi on ne capte rien, et j'ai dû me trouver des "check-point de captage" pour pouvoir passer des coups de fils. J'ai dû apprendre à comprendre ce que me disaient les patients appelant avec leurs portable :

- Bon...our, .... prise... ang... inet... main...tin...pas...op...ar... ?
" oui oui, pas de soucis, je vous vois demain matin pour une prise de sang au cabinet ! " ... Et des fois, j'ai même pas les voyelles. 

Oui, chez toi, parfois c'est galère et agaçant... Mais il y a eux.

Il y a ceux qui me voient arriver en disant « Ah, c’est l’infirmière ! », malgré mes sollicitations pour qu’ils m’appellent par mon prénom. Il y a ceux qui me tutoient et qui me font la bise. Il y a ces cartons de prunes ou de pommes, ces boites en métal pleines de bottereaux ou de chocolats. Il y a ces sourires, ces confidences, ces amitiés, ces litres de thé avalés et ces relations particulières qui me font dire que j’ai fais le bon choix en m’établissant à tes cotés. Toutes ces personnes qui ne me font plus douter sont autant de motivations à m’investir toute entière auprès de ceux qui t’ont choisi pour vivre.

Je viens de refermer le cabinet à clé. Dès demain, ma remplaçante prendra le relais, tu verras, elle est charmante et les gens d'ici l'aiment bien. J'ai refermé la portière de ma voiture. J'ai défais mes cheveux. J'ai remis mes bagues et j'ai enclenché le contact.

Quatre mois sans travailler... Je dois avouer que ça va me manquer, qu'ils vont me manquer... Que tu vas me manquer !
Mais en attendant : soleil, transat, bébé qui grandi et paillettes dans le cœur ! Et comme disait mon chouchou "Haut les cœurs, demain sera un jour meilleur !", demain et les quatre mois suivants !

Je reste connectée, j'ai le cerveau plein de souvenirs intacts qui ne demandent qu'à ressortir pour vous régaler, alors à très vite, et biisous mes chatons ! "

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...