mardi 15 août 2017

La petite mort.


Rentrer de l'hôpital et la trouver là, au sol dans mon salon, ses plumes dispersées autour d'elle... Maudire mon chat et son instinct aussi.

Ouvrir la porte de ta chambre et te trouver d'un coup si petit et fragile dans ce grand lit d'hôpital. Perdu dans ces draps qui ne sentent pas cet adoucissant qu'adore ta femme, tu sais le "fraîcheur des montagnes" dont tu t'amusais à me dire qu'il te rappelait vos vacances au ski. Et puis maudire la mort, et la vie aussi.

Tenir la fragile mésange encore tiède et souple au creux de ma main, les plumes de ses ailes prêtes à s'ouvrir, mais les yeux clos et les serres fermées.

Reposer ta main sur la couverture, me dire que c'est la dernière fois que je la sentirais aussi chaude sous ma paume et enlever de mon esprit l'image glauque de ta mort qui n'a jamais été aussi proche pourtant.

Être triste de ces Adieu et laisser exprimer mon bonheur ressenti d'avoir eu a te soigner. Ma fierté d'être ton infirmière, sans oser en parler au passé. Tes larmes que je te demande de ne pas verser en te rappelant le sourire que tu as eu en me voyant te tenir la main à ton réveil.

Tenir la presque mort sous ma paume et la bien réelle au creux de mes deux mains jointes. Deux morts fragiles qui a l'échelle de la Vie importe tellement ou tellement peu finalement...

Mon métier je l'aime et je le déteste tellement dans ces moments là, quand il me donne au fond de la gorge des goût de petites morts, des goûts de plus jamais, d'au revoir qu'on ne sait jamais conclure autrement qu'en reposant sa main sur la couverture.

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...