21 jours et 21 sonneries qui ont
réveillés mes oreilles chaque matin avec toute la douceur d’une caresse au
papier de verre. 21 « Pfff ! » dans le miroir de la salle de bain en regardant ma trogne, autant de chignons ratés et terminés en queue de cheval, autant de thés-hyper-infusés-ébouillantés
à peine entamé et transvasé illico dans mon canard en plastique pour être bu
froid pendant ma tournée du matin.
21 jours et 42 tournées de soins
identiques et différentes à la fois, matin et soir. Des centaines et des
centaines de soins, autant de « Bonjour ! », de « Au revoir
à demain ! ». Des milliers de frictions de mains à la solution hydro-alcoolique
qui me rappellent à chaque fois que je me suis coupé en ouvrant mon courrier de
l’URSSAF.
42 tournées 49 h passées dans ma
voiture pour me rendre chez mes patients, chez mes gens. Des portes ouvertes,
des jardins fleuris, des odeurs de barbecue, des enfants qui jouent dans les
jardins. Des patients contents de me voir et qui comptent, bien malgré moi, les
jours qu’il me reste à travailler. Des décès, trop de décès en si peu de jours.
Des funérailles, des fleurs et quelques larmes. Des rencontres incroyables et
la crainte de voir certains de mes « vieux-chouchous » décéder pendant
mes congés...
49 h derrière le volant et 2254 kms de routes
avalées pour aller soigner. Des virages, beaucoup de virages. De la brume tôt
le matin, des vaches et des bottes de paille dans les champs. Des lunettes de
soleil, des débardeurs et mon bras sorti par la fenêtre que je balance comme
une aile d’oiseau, comme une enfant. Des fossés approchés d’un peu trop près pour laisser passer
les tracteurs, des heures à pester contre les cyclistes qui ne se rangent pas,
contre les voiturettes qui n’avancent pas, contre le temps qui lui avance trop
vite, contre le canard en plastique plein de thé-toujours-trop-chaud qui s’est
renversé entre mes cuisses, contre le manque de réseau sans même une p*tain de barre pour appeler mon répondeur qui sonne encore et encore...
Je ferme mon cabinet et
je remonte une toute dernière fois dans ma voiture. Je souffle, j'ai mal en bas du dos. Je détache mes cheveux. Je
remets mes bagues oubliées dans le fond de ma poche depuis tout ce temps. Ces petits rituels tout con qui me font dire que j’ai presque
finis, encore quelques papiers, encore quelques courriers. 21 jours. 21 jours non-stop et maintenant que je suis posée je ne me
sens même pas en vacances. Trop crevée. Je vais probablement attendre d'être couchée pour débriefer avec moi-même des 21 dernières journées et me rendre compte à 23h que « Merde ! J'ai pas pensé à écouter mon répondeur ! ».
M'enfin... C'est la quille... Pendant 21 jours ! ♡