Ce
matin, je devais me rendre au domicile d'un patient pour récupérer sa
coproculture (j'aurai pu dire « pot à caca » mais ça fait
vachement moins pro...).
J'adore
tout particulièrement les explications que l'on se doit de donner en amont au
patient, pour assurer la bonne réalisation de ce genre d'examen. J'ai
l'impression de jouer à un jeu télé :
« Madame, vous allez devoir, en un minimum de temps et un minimum de mots, expliquer - COPROCULTURE - à ce joueur qui n'a jamais fait cet examen !
Mots clés : selles / caca - petit pot opaque (alors que celui des urines est transparent allez comprendre) - petite cuillère genre petite pelle à glace en pot de quand on était petit - bon de labo – ordonnance »
Un
jour, alors que j’étais étudiante à l’hôpital, j'ai dû expliquer cet examen à
un géorgien qui parlait parfaitement bien le russe (moi vachement moins). Gros
moment de solitude... Mais depuis ce jour, je suis super forte en mime.
Mais
mon patient de ce matin n'était pas géorgien et ses hochements de tête la
veille semblaient me dire qu’il avait compris mes explications, ce qui m'aurait
probablement permis d’accéder à la finale du jeu pyramide. Je me retrouvais
devant chez lui, dans la rue éclairée par des néons oranges, à attendre qu'il
me rapporte son pot, son petit paquet.
Mon menton était enfoui dans mon
foulard, mes yeux étaient lourds, j’étais à mon sixième jour non-stop, j’étais
claquée. Une
fois la passation du précieux faite, je lui rappelle que je reviendrais demain
et le jour suivant pour les autres copro’, alors il me dit :
-
C'est vrai que normalement, les copro' on les fait au cabinet !
« Oui, mais là c'est pas
possible, je vous ai expliqué hier… Donc je passerai la récupérer demain » (Je pensais pourtant lui avoir
expliqué le pourquoi du comment je devais venir à son domicile...)
-
Oui mais normalement, c'est le genre d'examen qu'on fait plutôt au cabinet...
Là
je me dis, qu'en plus de ses problèmes de transit il doit avoir de graves
troubles mnésiques. Je suis dehors, j'ai froid, j'ai envie de m’engouffrer dans ma voiture surchauffée et je n'ai pas le courage de lui
réexpliquer le pourquoi du comment ce fichu pot à crotte doit m'être donné en
main propre chez lui plutôt qu'à mon cabinet. S'en est suivi une batTle de sourcil relevé genre : Qu'est ce que tu me dis là ? T'as pas compris la blague ? Ah c'était une blague !
-
Cabinet... Copro'... WC quoi... C'était de l'humour en fait… Mais c'était pas drôle.
Oooooh…
Non monsieur, c'est moi qui ai un humour de crotte. Surtout si on sait que la
seule chose qui est sortie de ma bouche à ce moment là c'est : « Merde, désolée ! »