- Mais qu'est ce qui vous a fait quitter l'hôpital ?- La réa !!
C'est sorti aussi net de ma bouche. Pour dire vrai, je pensais répondre quelque chose de plus construit à la journaliste (ce que j'ai fait par la suite) mais le premier mot qui est sorti de ma bouche tenait en 3 pauvres lettres : R.É.A.
Je n'aime pas les cousins (oui les cousins, je sais), les cons, le foie de veau mais si il y a bien une chose que je déteste encore plus, c'est de travailler en réanimation. Et la nuit qui a suivi l'interview, j'ai bossé le temps d'un cauchemar, dans ce service là :
- Pour compenser de ne travailler qu'une semaine sur deux, vous allez travailler en plus en Réa Chirurgie.
- Mais je fais déjà des semaines de 60 heures en libéral c'est quasi un temps plein !
On m'a mis une blouse blanche sur le dos et puis moi, mes crocs et mon angoisse avons commencé à arpenter les longs couloirs de la réa. Des pousses seringues, les lignes à purger, des patients intubés qui ne parlent pas et des collègues qui parlent trop... Des produits à injecter, des calculs de dose à effectuer et moi qui me dit "Je vais finir par tuer quelqu'un si je me trompe !".
La peur d'avouer que je suis dyscalculique parce j'ai peur qu'on me retire mon diplôme d'infirmière pour dangerosité. C'est possible, dis, qu'on me retire mon diplôme parce que mon cerveau bug devant un chiffre ? C'est possible dis, d'être un danger pour les maths et une bonne infirmière quand même ? J'ai longtemps cru que j'étais juste bête, ne me dite pas maintenant que je suis dangereuse...
J'ai jamais voulu travailler en Réa moi, virez-moi cette blouse blanche et laissez moi retourner auprès de mes gens dans mon petit village. Loin des blouses, des bips, loin du stress des grands couloirs, des maths et de ces services dans lesquels je me suis sentie si bête...
J'ai fini par me réveiller, trempée. La peur aux tripes, l'angoisse au cœur... Je ne suis peut être pas douée en maths mais je suis sûr que la réa n'est pas pour moi, aussi sûrement que 1et 1 font 3.