Sur une idée originale de la blogueuse La Petite Infirmière Dans La Prairie :
Nous
sommes quatre infirmières libérales. Nous travaillons à la ville, à la
campagne, en Guyane. Nous sommes blogueuses à nos heures perdues et on a eu
envie de mettre en commun nos écrits sur un thème qui nous est cher :
« qu'est-ce qu'être infirmière libérale ?» Alors bonne lecture à
tous...
« La seringue
atomique » : Être infirmière libérale en Guyane, c'est pour
moi :
Boire un café dans la solitude du petit matin. Partir dans
le silence de la nuit. Arpenter les rues de la ville encore endormie. Dire
bonjour à son premier patient en portugais. Prendre à droite ou à gauche selon
l'envie. Faire trois fois le tour du rond-point par pure fantaisie. Respirer
l'odeur du pain chaud et s'arrêter à la boulangerie. Longer la mer et regarder
les vagues qui se meurent sur les rochers. Chanter dans sa voiture, parler
seule, sourire. Se sentir libre.
Parler espagnol, créole ou anglais. Essayer de comprendre l'autre et de se faire entendre. Adapter son langage, dessiner, baragouiner, gesticuler. S'arrêter, se regarder deux minutes en train de faire tout cela et rire aux éclats. Se prendre une averse tropicale et n'avoir pas de parapluie. Entendre les patients dire qu'il faut prendre soin de soi. Se sentir aimée. Aimer l'autre, accepter les différences. Ne pas juger. Ressentir une sensation de plénitude et ne désirer rien d'autre. Se sentir utile.
Prendre soin. Être clairvoyant, perspicace. Faire appel à ses connaissances. Étudier, apprendre, se former. Faire preuve d'assurance en cas de pépins. Être compétent et patient. Savoir gérer, organiser et anticiper. Avoir le choix. Se sentir autonome et indépendante.
Rentrer à la tombée de la nuit. Faire un détour par la Place des Amandiers pour regarder les vieux jouer à la pétanque. Acheter un sorbet rue Lallouette, se dire que la crème glacée est l'amie de la cellulite et pouffer de rire. Arriver chez soi, fatiguée et satisfaite de cette journée, fermer les yeux et dormir. Se sentir remplie.
Parler espagnol, créole ou anglais. Essayer de comprendre l'autre et de se faire entendre. Adapter son langage, dessiner, baragouiner, gesticuler. S'arrêter, se regarder deux minutes en train de faire tout cela et rire aux éclats. Se prendre une averse tropicale et n'avoir pas de parapluie. Entendre les patients dire qu'il faut prendre soin de soi. Se sentir aimée. Aimer l'autre, accepter les différences. Ne pas juger. Ressentir une sensation de plénitude et ne désirer rien d'autre. Se sentir utile.
Prendre soin. Être clairvoyant, perspicace. Faire appel à ses connaissances. Étudier, apprendre, se former. Faire preuve d'assurance en cas de pépins. Être compétent et patient. Savoir gérer, organiser et anticiper. Avoir le choix. Se sentir autonome et indépendante.
Rentrer à la tombée de la nuit. Faire un détour par la Place des Amandiers pour regarder les vieux jouer à la pétanque. Acheter un sorbet rue Lallouette, se dire que la crème glacée est l'amie de la cellulite et pouffer de rire. Arriver chez soi, fatiguée et satisfaite de cette journée, fermer les yeux et dormir. Se sentir remplie.
« C'est l'infirmière ! » :
Être infirmière libérale en zone rurale, c'est pour moi :
J’arrête ma voiture à ce stop improbable perdu au milieu des
champs où rien ne pousse en cette saison et où seule la brume du purin déversé
la veille rappelle que des personnes travaillent sur ces terres. Il fait froid
dehors et je réchauffe mes mains sur la ventilation de mon véhicule. La nature
semble figée par l’hiver et le lever de soleil qui me fait face est démentiel,
je fais une photo. Ma fenêtre est baissée et l’air s’engouffre dans l’habitacle :
l’air est neutre, j’ai l’impression d’être la première à le respirer. Mes
patients m’attendent, je passe la première.
Quand j’arpente les routes de
campagne avec ma voiture, je prends toute la mesure de ma liberté de soignante
que m’offre mon statut d’infirmière libérale. Les « Oui oui ! » répondent au tintement des sonnettes
de portes et je m’engouffre dans ces maisons que je connais par cœur pour aller
soigner ces gens dont je connais le corps sur le bout des doigts et les secrets
les plus intimes. Chaque journée de soins est différente tant chaque individu
soigné est unique.
Chaque porte qui s’ouvre à moi m’offre l’opportunité de
découvrir des existences incroyables de gens anonymes dont les histoires de vie
m’ébranlent, et dont la facilité de se confier au sein de leur foyer me touche.
J’approche les corps, j’écoute les mots, je tente de combattre la mort en
soignant les maux. Je suis infirmière libérale en zone rurale et je soigne
l’anonyme, l’impensable et l’incroyable.
« Une
infirmière à la maison » : Être infirmière libérale, c'est pour
moi :
Il y
a ces magnifiques levers de soleil, cette vue imprenable sur les hauteurs d'une
ville encore endormie.
Il y
a ces doux sourires, sincères, de patients qui témoignent du plaisir qu'ils ont
à nous voir tous les jours.
Il y
a ces fous rires inégalables et ces larmes partagées.
Toutes
ces femmes et ces hommes que l'on accompagne, au creux de leur foyer pendant
des jours, mois ou années.
Toutes
ces femmes et ces hommes qui nous aident à élargir nos horizons et étoffer
notre réflexion à travers une pratique professionnelle qui se trouve grâce à
eux, en constante évolution.
Il y
a sur le chemin de l'infirmier(e) libéral(e) pas mal d'embûches mais aussi et
surtout de grands moments d'humanité, ce qui fait qu'au final on l'aime notre
métier.
« La
petite infirmière dans la prairie » : Être infirmière libérale, c'est
pour moi :
Du
latin « libéralis », le mot libéral signifie « qui convient à
une personne de condition libre ». Voilà ce que j'aime dans le libéral. Être
libre. Libre de travailler pour soi, sans hiérarchie. Libre de ne pas se sentir
un pion sur un échiquier, à la merci d'une reine sans scrupules. Libre de
parler toute seule si j'en ai envie, de rire, de chanter à tu-tête dans ma
voiture (que dans ma voiture bien sûr, surtout chanter et parler toute
seule !). Libre d'organiser ma tournée comme je l'entends. Admirer la
campagne qui se réveille et qui se couche aussi. Être la première à emprunter
les chemins et voir le soleil se lever. Découvrir chaque jour de nouveaux
endroits. Faire des rencontres et s'enrichir de toutes ces relations. Apprendre
de la vie en aidant les autres.
Le
mot libéral veut dire aussi « généreux, tolérant ». Deux qualités qui
pour moi sont essentielles à notre métier.
Être généreux, donner de son temps pour
soulager les maux de ceux qui en ont besoin.
Être
tolérant, soigner sans juger, accepter que l'autre soit différent. S'adapter à
toutes les populations, en tenant compte des habitudes de chacun car en
libéral, on entre dans les maisons. Derrière les portes, on découvre l'intimité
des gens. Lorsque la confiance s'installe, on peut comprendre et partager un
petit bout de toutes ces vies.
Alors,
préservons notre beau métier qui, malgré la fatigue, les difficultés, le doute
vaut la peine de se lever tous les matins.
Voilà,
j'espère que tous ces petits textes vous auront plus. Vous pouvez nous
retrouver sur nos blogs respectifs en cliquant sur les liens : la seringue atomik, c'est l'infirmière !, une infirmière à la maison, la petite infirmière dans la prairie... Et
peut-être ensemble pour de nouvelles aventures !