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jeudi 10 novembre 2016

Comment je me suis fait Trumpiser ma tournée de soins…




- Bah oui, ‘pis y’a Trump qui a été élu là…

J’ai relevé les yeux du pied abîmé que j’étais en train de panser et j’ai regardé ma patiente. La très vieille dame était assise en face de moi sur sa chaise en osier et elle me montrait en tapotant du bout du doigt la première page du journal local : « Manifestations aux Etats-Unis après la victoire de Trump »
Celle qui frôlait les quatre-vingt-dix ans semblait inquiète de ce qui se passait de l’autre côté de l’océan. Tout là-bas, sur ce petit bout de terre que ma vieille bretonne avait dû souvent imaginer enfant alors qu’elle regardait le large en jouant sur ses côtes de granit rose.

Je lui ai simplement répondu que la mode semblait être aux dirigeants blonds et qu’on ferait mieux de se méfier pour nos prochaines élections. Mais pour être honnête j’en avais marre d’entendre ce mot. 

Trump, Trump, Trump. 

On dirait une espèce de spasme abdominal ou de plus bas, on ne sait plus bien. On dirait une espèce de tic verbal digne d’une Tourette agitée. Trump, j’en avais marre. Trump, j’en avais eu ma dose depuis hier. Et à l’instar de cette pluie et de ce vent glacial qui est pourtant le même tous les ans et que mes patients adorent commenter tout au long de ma tournée, j’avais le droit ce matin à Trump. Et à vrai dire, j’aurais pour une fois préféré parler météo et expliquer le pourquoi du comment de ma frange décoiffée plutôt que de parler de l’élection d’un président qui n’était pas le mien et qui n’était pas mieux coiffé. 

Ce matin, je me suis regardée dans le miroir de ma salle de bain et j’y avais vu ma tête des mauvais jours. Un œil plus ouvert que l’autre passablement agacé par les lumières censées me donner un teint clair et net. Tu parles. J’écoutais d’une oreille encore endormie France Inter et la voix du journaliste censée me réveiller : « Trump… Le choc. Trump… Manifestations. Trump… veut suspendre l’Obamacare… ». J’en ai eu marre, j’ai coupé la radio et je me suis connectée sur Facebook. Des articles sur Trump, des statuts parlant de Trump, des photos de Trump… Ras-le-bol. J’ai éteint mon téléphone. 
Sans déconner, déjà que je ne regarde pas la télévision, si je supprime la radio et internet, je n’ai plus qu’à agrandir mon troupeau de chèvres et me lancer dans la fabrication de fromages après avoir délocalisé mon cabinet infirmier et ma famille dans le Larzac.

Depuis hier, les médias remplissaient leurs journaux et leurs images à grandes doses de Trump. Avant même son élection, on ne parlait que de celui qu’on imaginait ne pas être à la tête des États-Unis. Ce même jour, le 8 novembre j’étais dans la rue avec des milliers de mes collègues pour essayer de faire entendre le malaise ressenti par toute une profession de soignants. Sur Paris par milliers, dans les grandes villes de France par centaines nous étions là pour nous battre pour nos conditions de travail et pour l’accès au soin de nos patients.

Deux minutes 30. 

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...