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jeudi 12 mai 2016

Coup de gueule infi' #18 : " 12 Mai : journée mondiale des infirmières " (Ca me fait de belles jambes).





On m’a demandé si je comptais rédiger un article pour fêter la journée mondiale des infirmières du 12 Mai. Pour être honnête, je n’en avais pas l’intention. Non pas que je ne sois pas fière de mon métier, non. C’est juste que je vois les journées mondiales comme autant de prétextes pour se donner bonne conscience et se dire qu’on a au moins une journée par an où l’on peut s’indigner de choses dont on a parfois rien à carrer le reste de l’année…

Alors une journée mondiale pour fêter les infirmières, j’aimerai vous dire « Chouette, clap clap avec les mains et cœur avec les doigts ! », mais franchement, l'envie n’y est pas.  

Le 12 Mai, j’entendrais peut-être les patients me dire combien je fais un travail incroyable pour lequel je suis mal rémunérée alors que le lendemain l’un d’entre eux « oubliera » encore de me payer mes soins. Le Ministère de la santé me dira combien je fais un travail exemplaire tout en soutenant ce bilan de la Cour des comptes qui persiste à coller cette étiquette de fraudeuse sur nos sacoches de soins. Marisol Touraine dira certainement que nous sommes un chaînon important du soin à domicile mais persistera à garder le silence face à nos revendications. Quelqu’un me dira combien mon métier d’infirmière est difficile alors que la veille on me jetait dans les dents que «Soigner c’est facile ! »… Alors fêter le 12 Mai tu vois…

J’ai soufflé à m’en dégonfler l’envie à l’idée d’avoir à écrire sur cette journée de l’infirmière...

Parce qu’il y a des moments comme ça où l’on se dit « A quoi bon soigner franchement ? ». Des jours où la pierre qu’on porte fièrement à l’édifice du soin commun ne semble pas trouver sa place sur le plan édité par les hautes instances. Avoir l’impression qu’on me dit : « Nan mais ça va pas votre caillou là, il est beau hein c’est pas le problème, mais ça va pas aller sur le plan, vous voyez ? Nous on veut du beau pavé bien carré, pas votre pierre qui brille là ! ». Un système ne s’est pourtant jamais construit en édifiant des murs, l’histoire nous l’a souvent prouvé, mais ces architectes du soin sont du genre butés. Eux ce qu’ils veulent c’est que ce soit ca-rré.

La santé et ceux qui travaillent pour elle, ne devraient pourtant pas à avoir à entrer dans des cases, tout simplement parce que l’humain malade ne ressemblera jamais à son voisin de chambre. Parce que ce qui est rond pour un patient peut être carré pour le suivant. C’est un peu comme ce jeu des pièces qu’il fallait faire rentrer dans la boite de rangement en les faisant passer au travers des formes correspondantes. Je n’étais pas la plus futées des gamines mais à l'époque j’avais déjà compris que si tu avais une pièce ronde dans la main, tu avais beau taper dessus, ça n’entrait jamais dans le carré. 

Avec les patients, avec les soignants, c’est pareil. On ne peut pas soigner avec moins de moyens. On ne peut plus traiter convenablement les patients avec moins de soignants. Le soin ne peut pas être dirigé comme ce jeu sur lequel on taperait de force pour que ça rentre.

Alors oui, j’ai soufflé. Mais pas parce que j’en ai rien à carré d’être infirmière, non. C’est un métier que je tiens là tu vois, dans mes tripes. J’en ai juste rien à cirer qu’on pense à ma profession une fois par an. Je voudrais que ce soit tout le temps, et surtout les jours où ce n’est pas le 12 Mai tu vois. 

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...