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mercredi 28 février 2018

Pour les enfants anxieux (et les fesses récalcitrantes)


- Encore une...

Mon vieux patient est parti s'installer sur son canapé en soufflant tout le ras le bol qu'il ressentait à me voir sortir encore une fois seringue et aiguilles. C'est qu'il commence à en avoir marre des piqûres dans la fesse et je le comprends...

Mais heureusement, l'après midi même j'avais pensé à lui en mettant de côté un des nouveaux pansements achetés pour mes petits patients. Je trouvais ça triste de leur coller un vilain coton boule au plis du coude alors j'ai voulu égayer tout ça (va voir dans les commentaires, j'ai publié des photos de ces mignonneries de pansements !) en achetant des pansements avec des licornes, des princesses, des chats et des petits mots drôles.

Pour la petite histoire, mon vieux patient, à qui j'avais montré les mignonneries de pansements, a fait la bougie en me voyant arriver avec ma seringue. Mais pas à cause de la piqûre en elle même non, il était juste décu de ne pas avoir eu le droit à sa licorne. Du coup, il est presque pressé d'être à la prochaine injection pour avoir le droit à une belle décoration sur sa fesse.

vendredi 15 avril 2016

L’importance du contexte quand on parle des zizis.





- Ça ? C’est un zizi ! Je suis comme vous, j’en ai plein ma maison !

La vieille dame semblait sûr de ce qu'elle avançait. La petite chose qui remontait le long de ma jambe était en fait un insecte de couleur rouge à grandes antennes. Le printemps pointait timidement le bout de son nez et les petits coléoptères faisaient de même en profitant de la chaleur des maisons pour se retrouver entre eux. Entre zizis quoi.

« Pyrochroa ». J’avais lu son nom dans un livre chez moi et je l’avais sur le bout de la langue. Mais avant que je puisse me la jouer « grande botaniste » en lâchant un mot qui m’aurait fait gagner 19 points au scrabble, la vieille dame s’est empressée de lâcher « zizi » avec un petit sourire satisfait et des yeux pétillants de coquinerie. La discussion qui s’en est suivi fût improbable :  
«  Zizi, sérieusement… Ce tout petit truc là, vous appelez ça un zizi ? »

- Oui oui, par chez nous, on les appelle des zizis. En cette période de l’année ça pullule, c’est fout ! J’en trouve partout. L’autre jour j’ai même trouvé des zizis dans mon lit ! Ça faisait longtemps...

« … ‘Dingue. En même temps en ce moment c’est pas les grosses chaleurs hein, ils se rentrent les pauvres… Mais le vrai nom, enfin j’veux dire, celui des livres… C’est pas « zizi ». ‘Me rappelle plus… ». Et elle de me conseiller avec le grand plus naturel :

- Vous devriez regarder sur votre internet là, je suis sûr que vous trouverez plein de zizi dessus !

  
Oui. Je confirme. Et l'ado' ricanante de gêne que j'étais parce qu'elle venait de  taper « Zizi » sur Lycos (gros coup de vieux là) le confirmerait aussi. Quand on tape « Zizi » sur Google on en trouve plein, mais ceux là n’ont pas d’antenne et rien de botanique quand bien même ils se posent sur de jolies fleurs. 
Je savais très bien qu’elle savait que je savais que nous savions qu’on jouait sur les mots. Mais j’ai vu dans les yeux de ma petite mamie de 86 ans toute l’effervescence d’une adolescente qui oserait dire un mot interdit, alors on s'est engouffré dedans comme deux gamines. Nous avons souris et continué à parler « zizi » avec des paillettes dans les yeux et jusqu’à l'épuisement du stock de jeux de mots parfois bien limite il faut l'avouer.  

mercredi 6 janvier 2016

Soigner n'est pas jouer.



- Bon… Vu que vous n’arrivez pas à vous lever, je vais vous installer sur le fauteuil de bureau et on va rouler jusqu’à la salle de bain, ça vous va ?

Il était tard, il faisait nuit noire dehors, ma tournée n’était pas prête de se finir et je devais trouver rapidement un moyen de mettre en pyjama cette jolie petite dame qui m’attendait sagement, les mains jointes sur son mouchoir en tissu à carreaux. Elle semblait s’amuser de me voir traverser le salon alors que je me grattais le chignon à la recherche d’une solution à cette douleur qui lui empêchait tout déplacement. 
Ma tête pensait « On va pas y arriver… » mais ma bouche lui a répondu « On va trouver une solution ! ». Tel Mac Gyver qui luttait dans les années 80 contre les attaques soviétiques avec un trombone et un élastique, je devais avec trois fois rien combattre la goutte articulaire qui immobilisait ma quasi-centenaire à sa table. Le fauteuil de bureau à roulettes qui n’avait jamais servi allait donc faire office de fauteuil roulant. Je poussais fièrement ma petite mamie vers le fond de sa maison en me disant que j’étais en quelque sorte la Mac Gyver du soin, la coupe mulet brushinguée en moins… 

Il faut dire que mon métier d’infirmière libérale m'offre de nombreuses occasions de plonger tout droit dans le petit écran de la télé et parfois même de jouer les présentateurs de jeux télévisés.

« Oh oui oui oui, vous accédez à-la-fi-naaal ! ». Lui, c’est Julien Lepers. 

A fond dans le salon de toutes les chaumières, d’une porte à l’autre, d’un salon cosy à une cuisine qui sent bon la marmite, il me suit dans presque toutes les maisons de mes vieux patients. Il a bercé mon enfance chez mon grand-père _ fan ultime de son débit inimitable _ à tel point que parfois je l’imagine répondre aux messages énigmatiques trouvés sur mon répondeur «  Oui, c’est pour un rendez-vous, merci d’me rappeler ! » et qui me gonflent autant que Julien Lepers a de bouclettes sur la tête :

 - Attentiooon, top ! Je suis un appel mystère passé beaucoup trop tôt ce matin alors que j’étais en pleine bourre pendant ma tournée dans un secteur de campagne qui ne capte pas un put*** de bâton, je n'ai donné aucune information sur ce répondeur expliquant pourtant toutes les info qu’il était nécessaire de laisser, je suis une demande de rendez-vous pour un soin indéterminé à réaliser un jour inconnu pour un problème de santé obscur et méconnu, je suis une personne de sexe masculin ou féminin on ne sait pas et à ce stade en s’en fou et qui ne sera jamais rappelée parce que l’appel a été passé en « inconnu » et que les coordonnées ont été oubliées en même temps  que l’amabilité de l’appelant, je suis, je suis, je suis ??

… Dans la merde. Je suis dans la merde. Merci Julien Lepers.

Dans le même genre, il y eu "Les Z'amours" et ce patient âgé qui m’a interpellé alors que j’étais concentrée à refaire son pansement : « Non mais vous me comprenez quand je vous parle ? Vous me comprenez, vous ? Nan parce que ça fait des années que je parle à ma femme et qu’elle ne comprend pas ! »...
 
La dame en question est sortie de sa cuisine un torchon entre ses mains, lui rappelant qu’il ne comprenait bien que ce qu’il voulait et qu’il ferait mieux de se taire plutôt que de la faire passer pour sourde. Le torchon brandi en l’air laissait supposer qu’elle n’était pas tentée de claquer une des mouches qui aurait survécu au papier collant au dessus de ma tête, mais qu’elle aimerait bien déboucher les oreilles sélectives de celui qui ne semblait plus entendre que ce qu’il voulait. Je me suis vu en plein jeu télé pour couples en crise, la prise de tête du couple en direct-live entre un méchage de plaie, un papier tue-mouche et moi tendant mon lecteur de carte vitale pour tenter de me faire payer.

Il y a eu "Le juste prix" et cette patiente que je voyais pour la première fois et qui m’a posé cette question : « Mais combien ça va me coûter que vous me fassiez tous les jours une injection d’anti-coagulant avec en alternance un jour sur deux mes deux pansements simples, sachant que vous voulez me faire le tiers-payant ? ». 
Je sentais un courant d’air au dessus de ma tête tellement j’étais absorbée par mes calculs mentaux et par la musique d'ascenseur qui décomptait le temps qu'il me restait avant qu'elle ne me fasse passer sur le plateau du "Maillon faible" :

jeudi 26 novembre 2015

On me parle caca et j'ai un humour de merde.





Ce matin, je devais me rendre au domicile d'un patient pour récupérer sa coproculture (j'aurai pu dire « pot à caca » mais ça fait vachement moins pro...). 

J'adore tout particulièrement les explications que l'on se doit de donner en amont au patient, pour assurer la bonne réalisation de ce genre d'examen. J'ai l'impression de jouer à un jeu télé :

«  Madame, vous allez devoir, en un minimum de temps et un minimum de mots, expliquer - COPROCULTURE - à ce joueur qui n'a jamais fait cet examen !

Mots clés : selles / caca - petit pot opaque (alors que celui des urines est transparent allez comprendre) - petite cuillère genre petite pelle à glace en pot de quand on était petit - bon de labo – ordonnance »

Un jour, alors que j’étais étudiante à l’hôpital, j'ai dû expliquer cet examen à un géorgien qui parlait parfaitement bien le russe (moi vachement moins). Gros moment de solitude... Mais depuis ce jour, je suis super forte en mime.

Mais mon patient de ce matin n'était pas géorgien et ses hochements de tête la veille semblaient me dire qu’il avait compris mes explications, ce qui m'aurait probablement permis d’accéder à la finale du jeu pyramide. Je me retrouvais devant chez lui, dans la rue éclairée par des néons oranges, à attendre qu'il me rapporte son pot, son petit paquet. 

Mon menton était enfoui dans mon foulard, mes yeux étaient lourds, j’étais à mon sixième jour non-stop, j’étais claquée. Une fois la passation du précieux faite, je lui rappelle que je reviendrais demain et le jour suivant pour les autres copro’, alors il me dit :

- C'est vrai que normalement, les copro' on les fait au cabinet !

« Oui, mais là c'est pas possible, je vous ai expliqué hier… Donc je passerai la récupérer demain » (Je pensais pourtant lui avoir expliqué le pourquoi du comment je devais venir à son domicile...)

- Oui mais normalement, c'est le genre d'examen qu'on fait plutôt au cabinet...

Là je me dis, qu'en plus de ses problèmes de transit il doit avoir de graves troubles mnésiques. Je suis dehors, j'ai froid, j'ai envie de m’engouffrer dans ma voiture surchauffée et je n'ai pas le courage de lui réexpliquer le pourquoi du comment ce fichu pot à crotte doit m'être donné en main propre chez lui plutôt qu'à mon cabinet. S'en est suivi une batTle de sourcil relevé genre : Qu'est ce que tu me dis là ? T'as pas compris la blague ? Ah c'était une blague !

- Cabinet... Copro'... WC quoi... C'était de l'humour en fait… Mais c'était pas drôle.

Oooooh… Non monsieur, c'est moi qui ai un humour de crotte. Surtout si on sait que la seule chose qui est sortie de ma bouche à ce moment là c'est : « Merde, désolée ! »

lundi 9 novembre 2015

Mes patients et l'anatomie, de quoi tomber sur le cul de mes fesses !




- Vous avez mal où madame ?
" Bah dans les cervicales !... Dans les cervicales du cou ! "

... Si je vous dis qu'un jour j'ai eu le droit au "coccyx du cul" et à l' "oeil de la tête, nan parce qu'il y a aussi les yeux de la patate !", vous me croirez ? Surtout que madame n'était pas une pomme de terre et son coccyx bien logé dans le " bas fond " !

Alors entre la "hanche du fémur" et l'"oignon sur son oignon sur le pied !", j'en perd parfois mes repères anatomiques. Si bien qu'un jour, incapable de localiser la douleur de cette vieille dame, je lui dis :

- Montrez moi avec votre doigt où se situe la douleur !

Et plutôt que de le montrer sur elle-même, la jolie petite mamie distinguée tendit vers moi un doigt arthrosique et dénonciateur. Je vous le donnerai en mille : la petite mamie avait mal au sein et en a profité pour tâter du mien ! Je suis tombée sur le cul de mes fesses ! ^^

samedi 22 août 2015

Le message qui fait sourire jusqu'aux amygdales !




Vous vous souvenez de mon article sur l'évacuation manuelle des selles ? Il semblerait qu'il ai fait écho à un membre de la page Facebook "C'est l'infirmière !" . Il m'a envoyé ce message. J'ADORE !
♡ 
 
" Bonjour et merci pour ce blog si pétillant et original....je suis tétra et depuis un petit mois, je ne vois plus Evelyne Dhéliat de la même façon,si vous voyez ce que je veux dire ! En tout cas, c'est très bien d'avoir évoqué ce sujet si tabou de manière si originale et avec tant de....doigté (il fallait bien que je la fasse!)....les gens n'imaginent pas forcément le côté intime du handicap....ils n'imaginent pas que,si déshérités que nous soyons,nous tétraplégiques,avons un intestin dernier cri  à commande digitale.....et que malgré les discours sur le respect des différences, les infirmières sont les premières à nous mettre à l'index tous les matins ! "


[ photo issue de www.books0977.tumblr.com 
et modifiée par mes soins ]

vendredi 24 juillet 2015

L’évacuation manuelle des selles, ce soin qui t’oblige à parler de météo et d'Evelyne Dheliat.



(La Evelyne Dheliat )


- Bon et sinon, ils annoncent quoi comme temps pour cet après-midi ?

En relevant la tête par-dessus lui, je pouvais voir par la fenêtre que le soleil et le ciel bleu n’étaient pourtant pas motivés à nous quitter. Qu’est ce qui m’avait pris de lui poser cette question ? Étais-je à ce point gênée que j’en étais rendue à faussement m’intéresser au temps et à son potentiel changement ? 

Le jeune homme tétraplégique était tourné sur le côté et il me tournait le dos. Je voyais ses mains partiellement paralysées tenter tant bien que mal d’ouvrir l’application météo sur son téléphone. Je levais les yeux au plafond en maudissant le manque cruel d’innovation dans mes conversations… « La météo », j'te jure. 
Comme si je n’avais pas eu le temps de débriefer le sujet tout au long de ma tournée de ce matin : des années à treize lunes présageant un été digne d’une Toussaint de deux mois, la météo des régions de France que je ne serais même pas capable de localiser sur la carte, des records de températures datant de la révolution française… 

Parce qu’habituellement la météo c’est mon domaine. Mon dada, mon moyen de lancer la conversation, de briser la glace quand il fait chaud, de présager des soirées canapé-couverture-cheminée quand il fait froid. Je suis la madame météo en soins infirmiers, je suis LA Evelyne Dheliat du libéral, le brushing blondissant et trop parfait en moins… 

-  Du soleil, ils annoncent du soleil… On va crever de chaud. 

Et tu vas avoir le droit de porter ces maaaagnifiques bas de contention qui te vont si bien et qui te galbent la jambe d’une si jolie manière ! Pour être honnête, je me fichais bien qu’il fasse beau, moche ou qu’ils annoncent la pire chute de neige depuis la prise de la Bastille. Je parlais du temps pour passer le temps, c’était différent. C’était une pauvre excuse pour éviter le silence gênant laissant résonner le claquement du gant de latex, du bruit du tube de vaseline qu’on repose, des vents qui n’avaient rien de météorologiques et évacués grâce à l’insertion de mon expert index… Tous ces bruits beaucoup moins cools que les tailleurs colorés d’Evelyne Dheliat… 

S’il est un soin qui n’enchante guère les infirmières, qui soulève beaucoup de tabous au point d’être capable d’occasionner de la gêne des deux côtés alors, nous avons notre grand champion : « l’évacuation manuelle des selles ! ».

La première fois que je me suis retrouvée confrontée à ce soin, j’étais étudiante infirmière en deuxième année. Ma référente m’avait donnée sans trop m’informer du « pourquoi- du comment de ce soin » le kit parfait pour un transit qui ne l’était plus, et me montrait d’un doigt un poil autoritaire, la direction de la chambre dans laquelle m’attendait mon patient constipé. Tenant à deux mains mon mini-plateau de soins en métal, j’avançais, inquiète et toutes baskets couinantes vers la chambre au bout du couloir… 

lundi 13 juillet 2015

Une petite réflexion tout à fait personnelle sur les échantillons donnés en parfumerie.




Je n'aime pas trop les vendeuses de parfumerie-cosmétique, enfin, seulement celles qui te donnent les petits échantillons en cadeau...

Il y a encore pas si longtemps à la caisse (bon ok, y’a un peu plus longtemps en fait), j'avais le droit à un « mademoiselle » horripilant accompagné d’un regard qui toise et qui te fait dire que le peu de maquillage te restant après une dure matinée de travail, avait dû couler dessous tes yeux façon « panda fatigué ou défoncé au Lexomil ». Elle m’offrait alors un nettoyant pour peau grasse censé te récurer l’épiderme jusqu’à l’os en te donnant un teint de pêche mi mur-mi pourri. 

Lorsque je suis retournée, cette fois parfaitement maquillée et enceinte avec un fessard proportionnel au bonnet D dans lequel j’essayai de caler ma future yaourtière, j’ai eu le droit à un « Madame », avec le regard qui scrute le ventre et la poitrine au point de te sentir mise à poil devant tout le monde à la caisse. Elle m’a alors offert un traitement de choc contre la cellulite incrustée limite fossilisée. 

Ce matin, j’y suis retournée, avec ma jolie petite paillette de six semaines, bien calée contre moi en Mei-Tai (la version chinoise et feignante du portage à l’écharpe). Le maquillage était parfait, la perte de poids en cours bien que pas complètement aboutie au vu du jean de grossesse que seul mon tour de cuisse voulait bien tolérer. Elle m’a filé une crème de récupération de nuit avec un complexe « vitalité-jeunesse » pour celles semblant courir après… 

Parfois, lorsque je passe à la caisse d'une parfumerie, j'ai l'impression de passer devant un videur de boite de nuit. Sauf que là, celui qui te toise est une nana supra-maquillée, supra-gaulée, supra-agaçante car supra-perspicace et qui te laissera toujours entrer même en baskets, tant que tu as de quoi payer pour repartir complètement vexée avec ton petit sac d'échantillons à la main et ton estime de soi à la baisse. ^^

[ illu' de la génialissime Nathalie Jomard ]

mardi 19 mai 2015

Certains patients me détestent !



Tous les ans, nous avons le droit au palmarès des professions préférées des français et j’avoue ne pas bouder mon plaisir de voir mon métier dans le haut de la liste (plaisir à demi teinté d'amertume lorsque par la suite, les mêmes français avouent ne pas vouloir exercer notre métier voire ne pas le conseiller à un proche " Ah nan mais c'est un travail qui a l'air sympa, mais très peu pour moi !"). Mais voilà, fort est de constater que même si mes patients aiment ce que je fais pour eux et pour leur proches, parfois, ils me détestent… 

Et quoi de plus normal lorsqu’on exerce un métier humain que d’être confronté à tous ses aspects. Joie, bonheur, agacement, colère : « Je te déteste autant que je t’aime ! ». C’est une ambivalence avec lequel, nous les infirmières, nous avons appris à jongler.


« Vous êtes en retard ! ».
Qui n’a jamais entendu cette phrase alors que, la frange collée par la sueur vous vous démenez pour transporter sur votre dos, votre mallette de soin qui pèse une vache, votre sac à main qui pèse un chat mort, votre boite à prise de sang envahissante avec éventuellement celle pour le pansement, et que vous tentez d’expliquer, l’ordonnance pincée entre les lèvres : « J’ai fais c’que j’ai pu, mais depuis ce matin ça se boutique pas bien l’histoire !  (j’entends par là : bloquée derrière un tracteur, chute d’une vieille patiente, des portes fermées à clé avec des patients sourds à réveiller pour pouvoir entrer, une famille de bébés canards à laisser traverser, et j’en passe…) ». 

Peu importe, ladite patiente est déjà partie en boitant vers le fond de sa cuisine et vous attend depuis un temps qu’elle estime déjà beaucoup trop long, dixit ses doigts qui pianotent sur le bord de la nappe cirée. La patiente s’impatiente. Difficile de faire entendre à quelqu’un qui se lèvre à 5h le matin, que « Non vous ne pourrez pas venir la prélever à son réveil, car oui, vous avez une vie et une couette super molletonnée qui ne vous laisse jamais sortir du lit, saleté de plumard manipulateur ! »

« Mais ça fait parti de votre métier de retirer les fils non ? »
Oui ! D’ailleurs la nomenclature des soins infirmiers éditée par la sécurité sociale, bien qu’obsolète, est somme toute bien fournie ! Mon rôle en tant qu’infirmière libérale est complet et les soins techniques sont nombreux et variés. Oui, sauf que Toutoune est un chien. 
La propriétaire de la bête croisée teckel vs ragondin en est pourtant persuadée : elle peut profiter impunément de mon passage chez elle et de sa prise de sang trimestrielle pour, en même temps, me demander gracieusement de retirer les fils de son chien «Je vais quand même pas payer une consultation chez le véto pour faire enlever trois pauvre fils !»… Restons calme... Expliquer, sans s'énerver, que je n'ai à me substituer au vétérinaire sous prétexte de lui faire gagner du temps et de l’argent. Que je n'ai pas envie de prendre le risque de perdre un doigt alors qu’à l’évidence même, la sale bête ne peut pas me blairer si j'en juge l'état de ma sacoche de soins contre laquelle elle s’énerve depuis tout à l’heure. Que « chacun ses compétences,  chacun son métier et la santé sera bien gardée !» et qu’au rythme où vont les choses, j’irais bientôt faire les inséminations bovines des éleveurs chez qui je me rends de temps en temps…

« Vous pouvez quand même me le faire ce vaccin non ?! »
« Sans ordonnance, aucun soin ne peut être réalisé par une infirmière », c’est un principe contre lequel on ne peut déroger. Un peu comme le mojito sans la menthe ou le barbec’ sans la saucisse (désolée pour les allusions alcoolo-digestives, mais c’est bientôt l’été). 
Il est alors difficile de faire entendre au patient qui s’attendait à être soigné (et qui semble avoir pris de l'avance sur l'été en abusant un peu trop des mojito) qu’il va devoir se lancer dans les démarches que les libérales se tapent à longueur de roulement : décrocher son téléphone, patienter en écoutant cette musique d'attente qui te donnerai envie de te pendre au fil du téléphone si il en avait encore un, demander à la secrétaire de demander au médecin de rédiger une ordonnance et se déplacer au cabinet médical pour aller la chercher. A peine avait-il finit de froncer les sourcils que j'entendais sortir de sa bouche : « Et vous ne pouvez pas le faire, ça ? Ça fait pas parti de votre travail ?». 
De rattraper les manquements des autres ? Non.  

Je serais alors vraiment tentée de lui répondre que : « Non » ce n’est pas possible car à l’école d’infirmière j’ai préféré dormir sur les bancs de l’amphi plutôt que de suivre les modules sur le secrétariat et l’assistanat. Que « non », parce que ma tournée de soins semble diminuer en « temps restant » et augmenter en « choses à faire » et que je ne sais même pas comment je vais trouver le temps de me poser et pisser… Oui, pisser, c’est dire. 
Que « Non » tout simplement « Non ! ». Et j'aurais encore plein d’arguments à lui donner, mais le temps passe et ce qui sort simplement de ma bouche-polie-et-étonnement-souriante est : « Oui, je pourrais le faire, mais ça me faciliterait vraiment, la tâche si vous pouviez vous en occuper, s’il vous plait… (Avec un « Cordialement – bisous » dans la voix) ». Le patient finira par accepter en grommelant sans même s’apercevoir que pendant tout ce temps, je m'étais déplacé pour rien et que je ne serais même pas payé pour le premier passage de ce soin qui ne me rapportera au final que 7€ brut (3€50 net quoi).


«  Elle va aller mieux hein ? Si vous faites ces soins, c’est qu’elle va aller mieux ? »


Tenter d’expliquer à un mari que l’état de sa femme se dégrade. Que le cancer prend le dessus. Que mes soins, que ma présence sont là pour lui apporter tout le confort possible, amènent irrémédiablement à cette réponse : « Alors ça sert à rien ce que vous faites ? Ça sert à quoi de la soigner si vous n’êtes pas capable de la guérir, hein ?! ». Comment lui en vouloir de me détester à ce moment précis ? A l’instant même où cet homme vient de comprendre seulement maintenant et malgré les mots des médecins aux précédentes consultations, que sa femme est en train de mourir et que lui n’est pas résolu à la voir partir...

lundi 11 mai 2015

Etre infirmière en fin de grossesse ou être infirmière en exercice c'est pareil (... Enfin presque)

 ( jolie illu' de Mathou : http://crayondhumeur.blogspot.fr/ )


En fait, être infirmière en fin de grossesse ou être infirmière en exercice c'est la même chose (... Enfin presque) :

Dans les deux cas tu vires tes bagues, soit par souci d'hygiène, soit par souci d’œdème, parce que tes doigts se sont transformés en knackie ball. 

Enceinte ou pas, tu enfiles des bas de contention, avec une variante "Koh-Lanta sur ton lit tous les matins" pour la version "parturiente épanouie-dilatée-excessivement pressée d'accoucher" (rayer les mentions inutiles). 

A chaque fois, tu privilégies le confort des vêtements avec un jean moulé à ton cul pour celles qui bossent et un legging qui ferait mieux de pas le mouler _ mais à défaut c'est mieux qu'une simple culotte _ pour celles prêtes à accoucher.

Le matin, tu privilégies la queue de cheval ou le chignon informe que tu t'es vissé sur le sommet du crâne, soit parce que tu t'es levée à la bourre et que tu es (encore une fois) en retard pour le taf, soit parce que tu n'envisages pas de décompenser au niveau respiratoire (encore une fois) pour retoucher  ton chignon pourri... Un chignon pourri, c'est mieux que rien et c'est hype non ? (Dites moi que c'est hype, please...).

Tu es claquée. T'as envie de crever de sommeil devant le reportage animalier de la cinquième sur les loutres frisées du Kurdistan, soit parce que tu t'es tapé une tournée de bourrin toute la matinée, soit parce que tu t'es tapé un aller-retour "maison-boite aux lettres" avec une monté à 4° d'angle qui a donné l'impression au facteur que tu donnais tout, tout, vraiment tout. 

Ouais, avec quelques variantes, infirmière enceinte proche de l'expulsion et infirmière proche de l'implosion, il n'y a pas grande différence ^^  , si ce n'est de veiller à ne pas mélanger les deux ;-)

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...