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vendredi 20 juillet 2018

Deux mètres.







Deux mètres, c’est la distance que j’ai parcourue dans ton salon avant de me décider à appeler ta femme. Le téléphone dans ma main et le numéro déjà inscrit sur l’écran, je n’ai pas tout de suite réussi à appuyer sur la touche appel. Deux mètres dans un sens et puis deux mètres dans l’autre avec ton chat qui se frottait à chacun de mes pas en miaulant. Deux mètres c’est peu, ce sont quelques pas tout au plus. Quelques pas pour trouver les mots, les bons, les moins pires. Deux mètres parcourus sur un épais tapis pour réfléchir à quoi dire, comment dire, pour lui faire comprendre sans l’attrister que tu allais devoir quitter votre maison pour partir à l’hôpital, là, tout de suite, maintenant. Parce que tu n’y arrives plus et parce que je ne sais plus quoi faire pour t’apporter le confort dont je t’avais parlé hier encore. Mais c’est pas comme si elle ne s’y attendait pas. C’est pas comme si je ne le souhaitais pas.

Je suis adossée au mur de ton couloir et j’attends l’ambulance avec ton chien. De nature plutôt craintive et sans jamais avoir osé se laisser caresser, il me suit partout depuis mon arrivée ce matin. On dirait qu’il m’aime bien, enfin. Alors tous les deux, nous attendons les ambulanciers sans un bruit. Je veux être là pour ton transfert. Je sais que tu es douloureux et je veux m’assurer que les manipulations seront bien faites. C’est bête quand on y pense, car les ambulanciers sont des professionnels et ils savent ce qu’ils ont à faire. Mais je veille sur toi tous les jours depuis plus de six mois et j’ai du mal à te lâcher un peu, je crois. 

A la porte de ta chambre, je te regarde dormir et à deux mètres de toi je me sens impuissante. Je pourrais parcourir les quelques pas qui me séparent de toi, m’accroupir près de ton lit et poser ma main sur ton bras. Te dire que je suis là. Je pourrais peut-être enfin trouver les mots qui te feraient me parler de toi. De ton ressenti, de tes peurs, de ses larmes qui coulent sur tes joues et de ces mots qui se refusent à sortir de ta bouche. Mais j’ai peur de te réveiller de ce sommeil que tu as tant de mal à trouver et j’ai peur, encore une fois, de ne pas y arriver. La maison est silencieuse. Il est étrange ce silence tellement il n’est pas habituel. Il n’y a plus le bruit de télé que tu adores regarder. Les reportages d’Arté ou les compétitions sportives qui me rappellent ce jour où tu m’avais grillé :


- T’y comprends rien en fait, avoue !


Mais tellement. J’ai toujours essayé de m’intéresser aux programmes de mes patients. Je connais les personnages des feux de l’amour, les records à battre des participants aux jeux télé, mais le sport…  J’ai beau essayé, je n’y comprends toujours rien. Mon portable s’est mis à vibrer. Sur la pointe des pieds, j’ai rejoint le salon pour répondre au médecin qui avait géré ton départ. Elle a fait ça bien, rapide et efficace, c’est agréable de pouvoir se reposer sur un bon médecin. Elle me dit que ta femme est prévenue et je me sens soulagée « Mais son épouse souhaite vous appeler quand même, pour vous remercier ». D’un coup, mon soulagement s’est évaporé pour s’habiller d’une trouille enveloppée de cette impuissance qui ne m’avait pas vraiment quitté.

vendredi 8 juin 2018

Animaux de compagnie.





Chaque semaine, j'ai un petit plaisir en allant chez cette vieille dame. Et c'est dans sa cuisine que je lui demander à chaque fois avec une voix de gamine :

- Dites, est ce que je peux aller les voir et les prendre dans ma main ?

Et comme elle voit que j'ai des paillettes plein les yeux rien qu'en me mettant sur la pointe des pieds pour apercevoir le terrarium derrière elle, la vieille dame accepte. En vrai c'est qu'elle n'est pas peu fière de me montrer chaque semaine sa collection de phasmes australiens ! Et moi je ne m'en lasse pas
Je vous présente donc mon chouchou de sa collection, un magnifique phasme à tiare !
Ça me change des chiens sauteurs et des chats squatteurs de genoux

dimanche 3 juin 2018

Lui faire prendre l'air.



- Vous sortez ?

J'ai expliqué à mon patient que je ne pouvais pas continuer à faire son soin avec un papillon sur mon gant.
Quelques minutes plus tôt, alors que j'étais accroupie en train de défaire les bandages de sa jambe, j'ai senti un mouvement d'ailes près de mon oreille. Et puis un beau papillon, une écaille martre, est venu se poser sur ma main, pile entre mon pouce et mon index.

J'ai arrêté mon soin, pendant deux secondes.

Pendant deux secondes, ce papillon bien joli m'a coupé de ce soin qui ne l'était pas vraiment. Deux secondes pendant lesquelles je me suis dit que la vie envoyait parfois des signes magiques. Deux secondes pendant lesquelles j'ai trouvé que les tous petits rien étaient beaux et qu'ils habillaient joliment mes gants de soin

jeudi 12 octobre 2017

Ci-gît la motivation de la libérale.




La sieste et l'infirmière libérale, c'est un peu un rendez vous qu'on programme avec nous même et qu'on déteste louper tant on sait que notre humeur du soir (tournée de soins et vie de famille compris) en dépend (ok j'avoue, parfois, ce n'est même pas suffisant)

Ce n'est pas obligatoire c'est vrai, mais c'est tellement mieux avec ! C'est un peu comme le petit parasol décoratif sur le bord d'un cocktail, comme le "cordialement-merci-bisou" à la fin d'un courrier de rejet de la CPAM (ok ça n'existe que dans mes rêves) ou comme le "Bonjour !" que je cherche à faire dire à ma grognon-chronique chaque matin... C'est tellement mieux avec...

Je serais donc grée aux entreprises de gestion de crédit, à celles qui vendent des fenêtres ou des voitures neuves "à gros gabarit parce qu'on sait que vous, les infirmières libérales, vous en avez besoin" _ moi je lui ai demandé une voiture qui ne coûte rien et qui consomme que dalle mais la dame n'avait pas en stock _ de bien vouloir arrêter de me réveiller pile au moment où je m'endors ! C'est pas cool, ça rend grognon.

Dormir l'après midi c'est important, d'ailleurs tout soignant sait que la sieste est aussi sacrée que les vertèbres qui se trouvent dans tes fesses (humour de soignant-gnan).

Bon sinon, j'ai un truc imparable pour faire buguer n'importe quel vendeur par téléphone. Vous répondez dès sa présentation par un : "Si c'est une question je ne souhaite pas y répondre !", vous entendrez alors au bout du fil le grand moment de solitude de ceux qui ne sont formés que pour vous répondre par une question. Comme quoi mon BTS commercial m'aura au moins servie à une chose dans mon travail d'infirmière : profiter plus longtemps de mes siestes !

mardi 26 septembre 2017

Et pendant ce temps là, certains s'envoient en l'air...


J'ai sonné sans trop d'envie en appuyant fort sur le bouton en plastique moitié cassé. Celle qui m'attendait chez elle devait être en train de grogner à cause des nuages alors que la veille c'était à cause de la pluie et puis du soleil aussi. Elle devait certainement souffler la fatigue d'un corps vieillissant tout comme les jours d'avant, comme une habitude qui était devenu un mauvais caractère et une fin en soi jusqu'à ce jour où les yeux sombres elle m'avait avoué " Moi, j'attends de crever. Tous les jours !! ".

Cette patiente n'était pas le rayon de soleil de mes tournées, c'était plutôt la version "couché" de l'astre, celui qui refroidi et qui endort l'envie... Et alors que je m'apprêtais à passer le pas de sa porte, je les ai vu tous les deux l'un sur l'autre. J'avais sonné, ma patiente-grognon-version-soleil-couché m'attendait mais je me suis accroupie et j'ai pris le temps de je les regarder s'envoyer en l'air. Quelqued secondes ou quelques minutes au final je ne sais même plus. C'est con, mais j'ai trouvé ça beau alors j'ai pris une photo.

Quand je suis arrivée devant elle, sans même me regarder ma patiente a remplacé son "Bonjour" par un

- T'en as mis du temps ! Qu'est c'qu'tu f'sais ?!
- Je regardais des insectes s'envoyer en l'air...

Et je lui ai montré la photo. Elle a jeté un œil sur mon téléphone et a soufflé en faisant mine de chercher un truc sur sa table recouverte de journaux et de napperons et elle m'a  dit "C'est d'la vermine !!".

En partant vers sa salle de bain pour chercher le nécessaire pour son soin je me suis fait la réflexion que son jardin avait finalement de la chance qu'elle ne s'en occupe plus et puis devant le miroir je me suis dit "C'est peut-être de la vermine, mais eux au moins ils font l'amour, pas la gueule... !".
Plus tard, si j'ai la chance de devenir vieille et si la vie me rend grognon, j'espère que deux mantes religieuses viendront se poser sur le pas de ma porte pour me rappeler qu'on peut attendre la mort en gueulant mais que ça n'empêchera jamais à la Vie de s'envoyer en l'air !

mardi 1 août 2017

Quatre poires et des soucis.





- Tiens ! R’garde donc ce que j’ai bêché pour toi ce matin !


Une motte de soucis dans un sac à légume préparée pour la toute dernière fois que je venais la voir. J’étais ravie parce que je lorgnais sur le parterre de fleurs jaunes de ma vieille patiente depuis des semaines, depuis qu’elle m’avait appelé un dimanche pour me dire :


- Charline, tu pourrais passer me voir s’il te plait ? J’essaie de soigner ma jambe toute seule depuis des jours, mais je sens bien que ça ne va pas !


Une large plaie découpait son tibia tout maigre mais la vieille dame tenace n’avait pas voulu déranger le médecin pour si peu. Et puis le « si peu » s’était transformé en quelque chose de douloureux, rouge et infecté et nécessitait maintenant un passage chez le médecin et ma visite régulière à son domicile pour refaire ses pansements. Mes gants, mes pinces et mes mains pour m’occuper de cette toute petite vieille dame de 93 ans qui vivait seule au milieu de ses fleurs et qui s’en voulait presque de me déranger pour un accident qu’elle trouvait bien bête. 
La bêche c’était pourtant son truc à elle. Tous les matins après avoir bu son café, elle partait dans son jardin pour gratter ses parterres, biner son potager et puis l’autre jour, c’était sur son tibia qu’elle avait ripé : 


- Tu parles d’une histoire toi, se bêcher la jambe au lieu de bêcher la terre, qu’elle idée !

vendredi 21 juillet 2017

Oh punaise!



- Ah ! Je me demandais si c'était bien vous qui veniez de vous garer devant chez moi !

Mon patient-plus-trop-patient s'est approché doucement de moi, curieux de comprendre pourquoi je me tenais accroupi devant ses fleurs avec mon portable à la main.

Une punaise des céréales (de la famille des Pentatomes), voilà pourquoi j'avais mis du temps à sonner à sa porte ! Mais j'avoue, ce n'était pas complètement vrai : j'étais accroupie avec une enveloppe bleue de la CPAM pris à la va vite dans mon agenda et le ciseau de mon sac à main pour piquer à mon patients des graines de Scabieuse (La couleur pourpre que je n'ai pas dans mon jardin) qui avait grainées sur le bitume devant chez lui... Et puis je l'ai vu : ma jolie punaise des céréales !

J'étais tombée sur la même il y a quelques jours accrochée à l'écorce de mon châtaignier. Mais elle tournait tout autour, pas décidée à se laisser photographier (sûrement une juvénile, les plus vieilles sont un peu plus dociles). Je ne pouvais pas louper cette nouvelle occasion à deux pas de la porte de celui qui attendait son injection.

Pour l'histoire, mon patient m'a avoué détester ces insectes mais quand je lui ai montré la photo il a avoué qu'elle était vraiment toute belle cette punaise et qu'il avait bien fait de ne pas désherber son parterre... Et moi, j'ai le sentiment d'avoir doublement gagné ma journée !

➡ Du-Bonheur-Pour-Ton-Coeur : si tu aimes les photos de punaise, de fleurs, de couchers de soleil et de nature toussa toussa je t'invite à me rejoindre sur mon compte Instagram en cliquant : ici !

mardi 18 juillet 2017

Sur ma joue.



35 degrés dehors, étouffant à l'intérieur. Je roulais la fenêtre ouverte en me rendant chez cette patiente qui m'avait donné du fil à retordre la veille avec sa perf' et j'avoue que je m'y rendais sans trop d'envie.

Je longeais un champ de blé pas encore moissonné et l'air par la fenêtre venait frapper sur ma joue des mèches de cheveux détachés de ma queue de cheval. Et puis, une mèche semble-t-il un peu plus forte est venue toucher ma pommette. Par réflexe j'ai porté mes doigts à mon visage et j'ai senti quelque chose de fragile coincé dans mes cheveux. Sur mon index, il y avait des pigments colorés et nacrés comme du fard à paupière.

Un papillon avait terminé sa course sur ma joue avant de trouver refuge dans une mèche de mes cheveux.

Je l'ai surveillé du coin de l'œil dans le rétroviseur jusqu'à mon arrivée chez ma patiente avant de le décrocher délicatement et de le déposer au creux de ma main. Il n'a pas survécu et il est mort là, comme ça au contact de ma peau... .
Je l'ai déposé dans le parterre de fleur à l'entrée de la maison de ma patiente. Ce parterre devant lequel son mari s'agenouille pendant des heures parce que la maladie de sa femme rend l'intérieur de sa maison un peu plus pesant chaque jour.

Je me dis que si il tombe dessus ce soir en grattant ses fleurs il se dira que la Vie est belle et fragile... Ou peut être qu'il ne verra rien et qu'il le jettera un peu plus loin parce que rien n'importe plus que ce qui se joue entre les murs de sa propre maison...

vendredi 7 juillet 2017

Le petit signe du jour.



Un papillon au creux de la main et un accompagnement de fin de vie express.

Tout à l'heure, alors que j'étais en train d'ouvrir le coffre de ma voiture pour y fourrer ma mallette de soins, un joli papillon a volé autour de moi. Un beau noir et blanc, un Demi-Deuil, j'en ai plein mon jardin.

Il s'est posé au sol, tout près de ma chaussure. Il battait des ailes au soleil, un peu mal en point peut être. Je l'ai pris délicatement pensant le mettre en sécurité un peu plus loin, de peur qu'il ne se fasse écraser. Je l'ai mis dans le creux de ma main et je l'ai regardé... Les yeux d'un papillon sont noirs et ronds, et sont entourés d'un petit velours foncé. C'est beau.

Le Demi-Deuil s'est tourné sur le côté en refermant ses ailes au dessus de son dos, il a replié ses pattes dessous son corps. Et il est mort. Là, comme ça. Au creux de ma main. Mort.

C'est con, mais ça m'a fait bizarre. Je me suis demandée pourquoi ce papillon avait choisi de tourner autour de ma tête pour battre une dernière fois des ailes et pourquoi il s'était éteint au creux de ma main.

La Vie est étonnante des fois

lundi 26 juin 2017

Le temps du repos.




La tête dans les papiers et les mains dans mes cheveux longs j'en ai marre de tous cette paperasse qui n'en finit pas...

Et en face de moi j'ai ça, enfin "Elle", Tina, et d'un coup, je n'ai plus du tout envie de me prendre la tête avec mes papiers... Tina s'en fiche pas mal de mes facturations tant qu'elle a des croquettes, Tina se fiche pas mal que je bosse même les jours de repos tant qu'elle peut sortir faire un tour, Tina se fiche bien que je sois claquée tant qu'elle peut se reposer...
Les chats, ces démotivateurs puissance 10 000... 
😡😘

dimanche 25 juin 2017

Love sunday.




- Les filles vous venez ? On va nourrir les poissons !

Les mains sont potelés et leurs cous ont ce petit pli et le duvet fin des bébés que je ne suis pas pressée de les voir quitter...

Alors qu'elle secouait sa main au dessus du bassin pour faire tomber la nourriture à poisson dans l'eau, ma grande m'a dit : "Tu pars au travaille après maman?"

Elle me le demande souvent, elle est un peu perdu dans mon roulement ma puce. J'ai caressé son cou tout doux, lui ai dit que cette semaine c'était repos et je lui ai encore donné un peu de nourriture pour les poissons dans le creux de sa main...

Un dimanche sur deux pour profiter d'elles deux, ça peut paraître peu... Alors profitons en ! J'aime tellement les dimanches-repos près du bassin 😊💙

jeudi 15 juin 2017

Le "coucou" pas prévu.


 
Il est revenu me saluer hier alors que j'étais le nez dans les fleurs à chercher à faire des photos : mon bébé-crapaud ! 🐸💚

Il n'a pas beaucoup grandi depuis la dernière fois mais il prend ses aises au frais près du potager. Les crapauds, les grenouilles, c'est une grande histoire d'amour.

Pour la petite histoire, lorsque j'ai ouvert mon cabinet infirmier il y a quelques années, j'ai posé ma plaque sur la façade d'une très vieille maison que je louais à ce moment là en attendant d'acheter mon cabinet actuel.
Et cette maison avait une cave; et dans cette cave il y avait (je te le donne en mille) un énorme crapaud ! Mais d'une maigreur, d'une maigreur... Le pauvre.

Je pense que son sort ne s'est pas joué à grand chose, signe qu'il était plus que temps pour moi de me mettre à mon compte. Je l'ai donc ramené à la maison pour le mettre au frais dans un parterre. Je n'avais aucun patient, aucun appel pour des soins et mon compte bancaire était aussi maigre que mon crapaud mais je l'avais sauvé et j'étais bien heureuse ! Mon tout premier patient à avoir eu besoin de moi était en fait... Un crapaud 😁

Aujourd'hui, Gros-Guy va beaucoup mieux et il est devenu énorme ! Il vit toujours chez nous et on l'aperçoit de temps en temps le soir devant notre porte d'entrée. Et preuve qu'il semble avoir trouvé son bonheur, depuis quelques années il nous offre de jolis bébés !

mercredi 10 mai 2017

Feu Eugène





La tristoune du jour...

Ceux qui suivent la page depuis longtemps connaissent l'existence d'Eugène, ma bestiole domestique du cabinet.

Eugène, c'était un scutigère. Il était arrivé il y a trois ans au cabinet et je l'ai vu grandir au fur et à mesure des mois (on évalue l'évolution au nombre de pattes). Mon collègue et les patients eux, ne l'ont jamais vu. Il ne sortait de sa cachette que lorsqu'il me savait seule et il me suivait partout dans le cabinet. J'ai toujours eu un peu peur que quelqu'un l'écrase mon Eugène parce que les gens, des fois, ça tue quand ça prend peur, j'ai jamais compris... Moi Eugène, je l'aimais bien. C'était une bestiole bizarre et attachante, vraiment.

Je dis "étais" car ce matin, j'ai retrouvé Eugène dans un coin, mort et emprisonné dans une toile d'araignée que j'avais oublié d'enlever... J'avoue, c'est con, mais je suis un peu triste.

mardi 14 mars 2017

Les tout petits détails de la vie... Qui te la font voir avec des coeurs dans les yeux.





Ce matin, j'avais ce sacré coup de barre qui m'a fait regretter d'avoir à peine pris le temps de petit-déjeuner. J'étais un peu bougonne parce que je sortais de chez cette patiente-grognon-chronique dont le mal être colle à la couenne surtout les jours où ta peau d'infirmière semble fine et fragile.

Et puis je suis tombée sur Toi. Sur la marche devant chez ma patiente qui ne souriait même pas du beau temps qu'elle pestait depuis des mois de ne pas voir.

C'est con tu me diras, parce que ce n'est qu'un tout petit-escargot-mignon mais moi, ça m'a fait ma matinée en me permettant de voir la vie avec des cœurs dans les yeux ! Comme quoi, il ne me faut parfois pas grand chose.

Belle journée ensoleillée mes chatons !

vendredi 15 avril 2016

L’importance du contexte quand on parle des zizis.





- Ça ? C’est un zizi ! Je suis comme vous, j’en ai plein ma maison !

La vieille dame semblait sûr de ce qu'elle avançait. La petite chose qui remontait le long de ma jambe était en fait un insecte de couleur rouge à grandes antennes. Le printemps pointait timidement le bout de son nez et les petits coléoptères faisaient de même en profitant de la chaleur des maisons pour se retrouver entre eux. Entre zizis quoi.

« Pyrochroa ». J’avais lu son nom dans un livre chez moi et je l’avais sur le bout de la langue. Mais avant que je puisse me la jouer « grande botaniste » en lâchant un mot qui m’aurait fait gagner 19 points au scrabble, la vieille dame s’est empressée de lâcher « zizi » avec un petit sourire satisfait et des yeux pétillants de coquinerie. La discussion qui s’en est suivi fût improbable :  
«  Zizi, sérieusement… Ce tout petit truc là, vous appelez ça un zizi ? »

- Oui oui, par chez nous, on les appelle des zizis. En cette période de l’année ça pullule, c’est fout ! J’en trouve partout. L’autre jour j’ai même trouvé des zizis dans mon lit ! Ça faisait longtemps...

« … ‘Dingue. En même temps en ce moment c’est pas les grosses chaleurs hein, ils se rentrent les pauvres… Mais le vrai nom, enfin j’veux dire, celui des livres… C’est pas « zizi ». ‘Me rappelle plus… ». Et elle de me conseiller avec le grand plus naturel :

- Vous devriez regarder sur votre internet là, je suis sûr que vous trouverez plein de zizi dessus !

  
Oui. Je confirme. Et l'ado' ricanante de gêne que j'étais parce qu'elle venait de  taper « Zizi » sur Lycos (gros coup de vieux là) le confirmerait aussi. Quand on tape « Zizi » sur Google on en trouve plein, mais ceux là n’ont pas d’antenne et rien de botanique quand bien même ils se posent sur de jolies fleurs. 
Je savais très bien qu’elle savait que je savais que nous savions qu’on jouait sur les mots. Mais j’ai vu dans les yeux de ma petite mamie de 86 ans toute l’effervescence d’une adolescente qui oserait dire un mot interdit, alors on s'est engouffré dedans comme deux gamines. Nous avons souris et continué à parler « zizi » avec des paillettes dans les yeux et jusqu’à l'épuisement du stock de jeux de mots parfois bien limite il faut l'avouer.  

lundi 14 mars 2016

Pas de bras, pas de chocolat.





- Vraiment ?


Oui oui, vraiment. J’essayais d’expliquer tant bien que mal au père de famille que j’avais au bout du fil, que « Non, même à la maison avec les doudous toussa toussa, prélever un enfant de quatorze mois ce n’était pas possible. » Pour être plus clair : ce n’était plus possible pour moi.


J’avais bien essayé plusieurs fois de prélever des touts petits, des minitous de moins de trois ans. La plupart du temps ensommeillés et encore en turbulette, ils accueillaient avec un sourire grimaçant mes mains froides sur leurs petits avant-bras potelés, bien au chaud dans ceux de leurs parents souvent stressés. Je les faisais sourire avec mon garrot dinosaures plein de couleurs qui a un charme fou auprès de mes petites grands-mères. Tout en préparant mon matériel avec mes aiguilles aiguisées et mon alcool qui sent l’hôpital, je parlais de Jean-Patrick le moustique qui se pose sur le pli du coude pour prendre son petit déjeuner (voire à se taper en même temps le diner au vu du nombre de tubes à prélever parfois). Je cherchais la micro-veine avec ma micro-aiguille armée de ma maxi concentration… 


Mais la plupart du temps je ratais. Je ratais parce que la veine était si minuscule qu’elle était imperceptible ou trop ramollie par la crème anesthésiante. Je foirais parce que le parent n’osait pas bloquer suffisamment son enfant et qu’il bougeait. Pas forcément parce qu’il avait eu mal, mais parce qu’il avait eu peur. Des peurs et des pleurs parce qu’il n’avait pas compris ce que je lui faisais. 

Parce que j’ai l’impression qu’en dessous de trois ans, que tu lui parles moustique qui pique, garrot dinosaure ou que tu lui ouvres les portes d’un zoo tout entier ou celles d’un cirque à la piste étoilée, l’enfant de moins de trois ans restera toujours trop petit pour comprendre que tu voudrais simplement l’emmener loin, très loin de ce qui peut faire mal, loin de ce qui peut faire pleurer. 


Pourtant j’ai essayé de piquer l’impiquable. Histoire de ne pas refuser un soin, histoire de ne pas passer pour celle qui ne veut pas. J’ai accepté les doudous puant comme collègues de prise de sang, j’ai accepté les tablettes bruyantes aux comptines agaçantes comme support ludique pour prélever mon bilan. J’ai accepté de n’être payé que 6€08 pour passer parfois plus de trente minutes sur mon soin, parce qu’il n’existe pas de majoration pédiatrique même pour des petits bouts qui n’ont pas fêtés leur un an. J’ai accepté, trop souvent, de ne pas être payé du tout parce que le sang ne montait pas dans le tube. Parce que si pas de bras, pas de chocolat : pas de sang, pas d’argent. Alors à ce prix là, je préfère me taper une tablette pour me réconforter. 

dimanche 13 septembre 2015

Passe moi ton cheval que je fasse ma tournée à dos de licorne !




Mon métier d'infirmière libérale en zone rurale me fait vraiment faire d'incroyables rencontres. C'est ainsi qu'en pleine pose neuronale (c'est à dire en coupant mon cerveau, ce qui ne demande pas grand effort en fin de tournée) et complètement absorbée par le bruit que faisait le gasoil entrant dans le réservoir de ma voiture, je n'avais pas fait attention à celui qui s'avançait derrière moi. Et alors que je me retournais vers la pompe, je me retrouvais nez à nez avec ses énormes naseaux...

"Bonjour !". Je saluais l'homme perché bien haut sur son immense trotteur. Le directeur du haras du coin profitait de sa sortie dominicale pour faire le plein de son jerrican... Et quoi de mieux que de le faire à cheval ? Il y a les bobos des villes faisant leur marché avec leur vélo et les bobos des champs allant chercher de l'essence pour la tondeuse, avec leur cheval. 

Et alors que je redémarrais mon véhicule en laissant derrière moi le cavalier qui avait dû descendre de son cheval pour permettre à son bras tendu d'atteindre le lecteur de carte bleue, je me mettais à rêver... Moi à dos de poney pendant ma tournée infirmière. Il serait blanc et je lui teindrais la crinière aux couleurs arc-en-ciel. Avec une feuille de soins papier roulée en cône sur son front je le transformerai en licorne libérale ! Je galoperai en lançant des paillettes et les patients m'ovationneraient et seraient heureux de me voir... 
Et puis j'ai passé la première et j'ai pesté _ pour la douzième fois de la journée _ contre celui qui m'avait refusé la priorité...

Et alors que j'allais lui dire "Hey, passe moi ton cheval que je finisse ma tournée à dos de licorne !", je me suis rappelée que je n'avais jamais pris de cours d'équitation parce que j'avais préféré faire piscine à l'âge de six ans . Je ne suis d'ailleurs jamais allée plus loin que le niveau "pingouin d'argent" de ma carte de natation. Pas de quoi se la péter, mais de quoi être carrément pathétique à cheval... Même en balançant quinze kilo de paillettes. 

Ma vieille voiture est vachement moins magique mais elle a au moins le mérite de protéger le rembourrage de mes fesses ! ^^

vendredi 17 avril 2015

J'arpente tes routes et où je n'ai plus aucun doute

Une petite déclaration d'amour ne fait jamais de mal...

Ce matin j’ai pris le volant pour la dernière fois avant plusieurs mois. A la fin de ma tournée, à la fermeture de la porte de mon tout dernier patient je serais officiellement en congé maternité pour quatre mois. Et comme tous les autres matins, je suis venue te voir…

Il y a toujours ce champ de vaches sur la droite lorsque je longe la haie bocagère fleurie d’aubépines, en arrivant vers toi. C’est mon rituel quand je viens te voir le matin. J’adore regarder sur la droite les vaches aux pattes embrumées, alors que dehors il fait froid. Le sol est à peine réchauffé par le soleil que l’on devine se lever au loin, celui qui teinte le ciel de ce si joli rose. 

Je viens de quitter ma commune d’habitation quelque peu banale et morose, et je vais passer la journée à tes côtés. J’avoue que parfois, lorsque je passe le dernier virage qui m’amène à toi, la fatigue et les yeux lourds ne me rendent pas spécialement enclin à m’investir auprès de ceux qui t’ont choisi. Et puis il y a ces vaches, toujours d’humeur égale qui s’en fiche bien de mes états d’âme, de mes cernes ou de mon manque d’envie. Je me dis qu’elles ont bien raison, alors je gare ma voiture devant la maison de ton premier habitant et je me lance auprès de ce patient situé tout en haut de liste de ma longue tournée.

Et puis il faut dire que tu es charmant…

Il y a cette place centrale, ni trop grande ni trop petite. Habillée d’ardoise, de pavés et de pelouse, elle est un poumon de verdure et de fraicheur pour qui veut bien s’attarder sur les fauteuils en métal laissés ça et là.  
 Il y a cette église en granit imposante, ni trop belle, ni trop moche squattée par une famille nombreuse de pigeons faisant pas mal râler les habitants du bourg. Je les imagine parfois me regarder d’en haut, me voyant passer et repasser en voiture toute la journée. Je suis sûr qu’ils pensent que je suis toute petite. 
Il y a ces bruits et ces odeurs, ni entêtants, ni embêtants. L’épicier qui laisse des poulets rôtir devant sa boutique le dimanche, me permettant de surveiller, à chacun de mes passages, l’avancer du doré des pommes de terre qui les accompagne. Ça sent bon le repas de famille dominical. 
Il y a ces rires et ces « Allez, salut ! » qui émanent des deux cafés de la place, un de « la Mairie » et un des « Sports ». Chez l’un, on peut trouver magazines et cigarettes et chez l’autre on peut récupérer ses colis et envoyer ses courriers à pas d’heure et même le dimanche. Mais dans les deux cas, le vin local est servi dans des ballons et la machine à café crache ses vapeurs dans les mini-tasses, et il y a toujours du monde. On peut parfois voir des chevaux traverser le bourg en promenant leur cavalier, laissant la priorité à de vieux fermiers, la bêche sur l’épaule et de retour des nombreux jardins communaux enserrant le village. 
La coiffeuse coupe les cheveux, le médecin soigne les maux et l’infirmière panse les plaies, tout ça, dans une même rue. 

Et puis, il faut avouer que tu es beau...

Parfois, mes soins m’amènent à parcourir tes chemins sinueux de campagnes. Je m’enfonce dans les virages, grimpe de petites collines pour parfois arriver au point culminant me permettant de juger de ta si jolie beauté verdoyante. J’entends au loin le coucou qui chante, la vache qui appelle son petit et les oiseaux ragaillardis par l’arrivée du printemps, qui chantent parfois un peu n’importe comment. 
Les haies bocagères sont blanches de fleurs et reposent sur des fossés bordés de coucou jaunes. En parcourant la centaine de lieux-dits de tes terres, il m’arrive de croiser la route de lapins à fesse blanche, de lièvres aux oreilles gigantesques, de faisans magnifiques accompagnés de leurs dames, ou de chevreuil et de cerfs majestueux me donnant l’impression d’être une infirmière privilégiée en lieu et place de celles qui travaillent toute la journée en service sans voir une seule fois la lumière du jour. Parfois, le « cheval du troisième virage » passe sa tête par-dessus sa barrière pour me regarder passer, et je ne loupe jamais l’occasion de baisser ma fenêtre pour le saluer de la main. Il y a aussi ce chien moche derrière le portail du vieux chêne et qui s’entête à aboyer au passage de ma voiture, à peine blasé de me voir passer tous les jours.

lundi 30 mars 2015

" Raton mignon Powa ! ✩ "

Pour mon anniversaire, j'avais demandé à mon frère de m'offrir un raton laveur histoire de faire ma "Pocahontas' Rurale qui peint en mille couleurs l'air du vent"... C'est fait !



Maintenant j'ai un nouveau compagnon de route pour accompagner mes tournées : "Raton mignon ♡ !" ^^

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vendredi 20 mars 2015

La pluie n'éclipsera pas mon "Unicorn Powa !"

 

J'étais un peu déçue en ouvrant mes volets ce matin, le ciel était couvert. J'allais devoir attendre la prochaine éclipse solaire dans 67 ans et espérer que d'ici là, je n'aurais pas perdu au Shifumi avec la grande faucheuse. Une éclipse solaire sans soleil, la loose. Et il pleut, méga-loose.
Mon réveil avait sonné mon septième jour travaillé non-stop. J'étais bougon et le temps n'était qu'une excuse supplémentaire pour faire un pied de nez à la nouvelle du jour entendu à la radio : c'était la journée mondiale du bonheur. Chouette. 

Et puis je me suis posée et j'ai bu dans mon super-mug "Rien est impossible". Je me suis calmée et j'ai décidé de mettre de l'eau dans mon thé, façon de parler, mais surtout parce qu'il était trop chaud. 
Devant l'évier et la fenêtre, je me suis mise à regarder mes poules en liberté dans le jardin. Elles étaient trempées et n'en avaient rien à faire de la pluie et de cette éclipse foireuse. Je les observais gratter la pelouse, picorer les petits insectes et se foutre totalement de ce qui était en train de se jouer à des milliers de kilomètres au dessus de leur micro-cerveau. J'ai alors pris la décision de faire comme elles et d'être une poule mouillée pour la journée. Quitte à être trempée sous la flotte, autant voir le bon coté des choses et aborder les évènements avec tout le recule que le permettrait mon nouveau statut de gallinacé en herbe, le micro-cerveau en moins.

- Aïeuu ! 
Ça c'était moi me frottant le crâne alors que je sortais de chez ma patiente. Le genre qui parle beaucoup d'elle. Le genre qui parle tout le temps des mêmes choses pour en revenir toujours à elle. Le genre de patiente qui rendrait n'importe quel soignant impatient, cherchant à fuir le domicile pour finir par se prendre sur le crâne un objet volant non identifié à vous donner mal à la tête. 
Mais le coup que je venais de prendre sur le crâne n'avait rien à voir avec sa logorrhée aromatisée au pastis. Non, c'était tout autre chose, c'était un os. Un os de poulet. J'ai levé les yeux au ciel et j'ai regardé les nuages : il pleuvait des os. Non loin de là, posé sur une gouttière se trouvait un merle. Je lui ai dit : "C'est toi ?". Il a penché la tête sur le côté et je me suis senti l'âme d'une Blanche-Neige, communiquant avec les animaux de la forêt. Sauf qu'elle, ne se faisait pas assommer par la faune locale. J'ai failli maudire le volatile cannibale, et j'ai repensé à mon mug et à mes poules : "Joie, bonheur et merle assommeur !". J'ai écrasé l'os d'un coup de pied pour lui épargner l'effort de viser une nouvelle tête et lui ai souhaité bon appétit.

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...