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mardi 26 juin 2018

Enfin L'été !






Et j'entends déjà certains râler... Et je ne parle pas que de mes escargots !

Fait trop chaud !
C'est trop brutal comme changement de température !
Ça flétri mes salades !
Ça me donne mal aux os de ma hanches !
Mes rosiers, ils aiment pas !
On peut pas sortir comme on veut parce qu'il y a trop de soleil !
Ça me fait pleurer les yeux !

D'un coup, je me suis demandée si on pouvait pleurer d'ailleurs... .

Cette patiente elle, semble pleurer du cœur depuis des années. Depuis que son mari est tombé malade. Depuis qu'il ne peut plus conduire le camping-car direction le bord de mer qui les éloignait de la maison et du soleil qui fane les rosiers.
- Je me dépêche d'aller chercher le pain. On va encore être obligé de fermer les volets pour pas mourir de chaud ici !

Avant de partir, sa femme pris soin de claquer la porte fermement pour me rappeler que le soleil avait également la fâcheuse manie de déformer le bois de la porte.
- Moi tant que je l'entends râler du temps, c'est qu'il m'en reste encore un peu à passer sur terre...

Mon patient m'a fait un clin d’œil complice et s'est s'installé dans son fauteuil, doucement, pour ménager ses muscles douloureux. Mes patients sont magiques pour me rappeler que le temps de dehors c'est aussi le temps qui passe et qu'il est précieux le jour où l'on comprend qu'on a plus le temps de s'en plaindre...

vendredi 24 juillet 2015

L’évacuation manuelle des selles, ce soin qui t’oblige à parler de météo et d'Evelyne Dheliat.



(La Evelyne Dheliat )


- Bon et sinon, ils annoncent quoi comme temps pour cet après-midi ?

En relevant la tête par-dessus lui, je pouvais voir par la fenêtre que le soleil et le ciel bleu n’étaient pourtant pas motivés à nous quitter. Qu’est ce qui m’avait pris de lui poser cette question ? Étais-je à ce point gênée que j’en étais rendue à faussement m’intéresser au temps et à son potentiel changement ? 

Le jeune homme tétraplégique était tourné sur le côté et il me tournait le dos. Je voyais ses mains partiellement paralysées tenter tant bien que mal d’ouvrir l’application météo sur son téléphone. Je levais les yeux au plafond en maudissant le manque cruel d’innovation dans mes conversations… « La météo », j'te jure. 
Comme si je n’avais pas eu le temps de débriefer le sujet tout au long de ma tournée de ce matin : des années à treize lunes présageant un été digne d’une Toussaint de deux mois, la météo des régions de France que je ne serais même pas capable de localiser sur la carte, des records de températures datant de la révolution française… 

Parce qu’habituellement la météo c’est mon domaine. Mon dada, mon moyen de lancer la conversation, de briser la glace quand il fait chaud, de présager des soirées canapé-couverture-cheminée quand il fait froid. Je suis la madame météo en soins infirmiers, je suis LA Evelyne Dheliat du libéral, le brushing blondissant et trop parfait en moins… 

-  Du soleil, ils annoncent du soleil… On va crever de chaud. 

Et tu vas avoir le droit de porter ces maaaagnifiques bas de contention qui te vont si bien et qui te galbent la jambe d’une si jolie manière ! Pour être honnête, je me fichais bien qu’il fasse beau, moche ou qu’ils annoncent la pire chute de neige depuis la prise de la Bastille. Je parlais du temps pour passer le temps, c’était différent. C’était une pauvre excuse pour éviter le silence gênant laissant résonner le claquement du gant de latex, du bruit du tube de vaseline qu’on repose, des vents qui n’avaient rien de météorologiques et évacués grâce à l’insertion de mon expert index… Tous ces bruits beaucoup moins cools que les tailleurs colorés d’Evelyne Dheliat… 

S’il est un soin qui n’enchante guère les infirmières, qui soulève beaucoup de tabous au point d’être capable d’occasionner de la gêne des deux côtés alors, nous avons notre grand champion : « l’évacuation manuelle des selles ! ».

La première fois que je me suis retrouvée confrontée à ce soin, j’étais étudiante infirmière en deuxième année. Ma référente m’avait donnée sans trop m’informer du « pourquoi- du comment de ce soin » le kit parfait pour un transit qui ne l’était plus, et me montrait d’un doigt un poil autoritaire, la direction de la chambre dans laquelle m’attendait mon patient constipé. Tenant à deux mains mon mini-plateau de soins en métal, j’avançais, inquiète et toutes baskets couinantes vers la chambre au bout du couloir… 

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...