Vous vous êtes peut-être surprise
à dire aux nouveaux diplômés ou aux étudiants que vous encadrez « En mon temps, on savait ce qu’était
la peur de la MSP !» ou encore « A
mon époque, on jouait nos trois années et demi d’études sur une seule journée,
le jour de notre diplôme ! ». Cette époque, ce diplôme, qu’on
aime à rappeler à la mémoire des nouveaux _ au risque de nous faire passer pour
des vieilles chouettes de soignantes _ ne doit pas nous faire oublier un
avantage qu’ils ont sur nous : ils pourront nous répondre « Oui, mais nous, on a une
licence ! ».
Promotion 2002-2005 de l'IFSI de Fluitange-sur-Berouille |
Car oui, c’est une triste
réalité : nous avons étudié pendant un peu plus de trois ans et nous ne
sommes pas reconnu par l’éducation nationale comme ayant obtenue la licence en
soins infirmiers, mais tout juste comme un Bac +2. Comment cela se passerait-il
si je souhaitais passer un master nécessitant un Bac+3 alors que mon
« vieux » diplôme n’est pas une licence ? J’ai donc fait
mon enquête…
A vrai dire, j’ai eu du mal à
trouver des sources, tant le sujet ne semble pas passionner les foules ! Je
me suis donc retournée vers la loi et notamment le décret n° 2010-1123 du 23 septembre 2010.
Il est
aussi clair qu’une ordonnance rédigée par un médecin presbyte hypotendu, et au
delà du fait qu'il ai rappelé à ma mémoire mes cours de droit
récités par un professeur tout aussi imbuvable que les textes qu’il nous lisait, j’y ai appris une chose : on ne parle absolument pas de l’ancienne réforme !
Clairement, selon les textes de loi, le grade de licence ne peut être donné qu’aux
infirmier(e)s ayant eu leur diplôme après 2011. Bien, on est vachement avancé...
J’ai cherché d’autres textes de
loi récent... C’est le seul.
Mais ne nous avouons pas vaincu et
voyons la perf' à moitié pleine et non à moitié vide ! Quel moyen
donne-t-on aux « vieilles infirmières » _ façon de parler _ restant
pour le moment la très grande majorité des diplômées en cours d‘exercice et
qui souhaiteraient passer un master ? Les universités voudraient-elles d’elles?
Alors j’ai cherché du côté de ces
institutions et je me suis rendu sur le site du Registre National des
Certifications Professionnelles (RNCP) auquel se réfèrent les universités
françaises. Sur la fiche du métier d’infirmier(e) on se rend compte que la
certification dépend encore du Ministère de l’intérieur et non de l’éducation
nationale et qu’il n’est fait aucune distinction entre ancien et nouveau
diplôme.
Il semblerait donc que les universités pourraient accepter nos anciens diplômes... Mystère.
Il est vrai qu’il aurait été plus
simple que les hautes instances nous pondent un texte officiel pour confirmer
que les anciens diplômes sont à présent reconnus niveau II (Bac +3)… Du flou,
encore du flou en provenance direct de ceux censés nous représenter… Et
pourquoi ça ne m’étonne même plus ?
Il faut également noter une chose
importante : on parle depuis le début d’obtenir un « grade » de
licence… Pas de « diplôme » de licence, et ça, ça fait une énorme
différence, notamment pour les infirmier(e) salarié(e)s. Pour le reconvientionnement
salarial, c’est le diplôme qui conditionne le
salaire et non le grade. En gros, les infirmières salariées n'y gagnent pas
grand chose...
Comme l’explique le SNICS (Syndicat National des Infirmier(e)s
Conseiller(e)s de Santé) dans un de ses articles :
« Un grade de licence revient à une universitarisation
partielle de la formation infirmière : c’est une reconnaissance de niveau.
[...] En outre, le grade ne permet pas de cohérence entre la
licence et le master d’une part, et avec la filière de formation spécifique
d’autre part. Il ne permet de fait que des choix individuels de poursuites
d’études, et non une reconnaissance officielle de la filière et donc des
spécialités. ».
2009, IFSI Pleurouille-sur-Mandegouze |
Et bien
pour cela il faudrait une filière en science infirmière. Une licence générale
propre à la formation infirmière avec des passerelles d’accès à d’autres
formations de santé ou universitaires.
Comme
l’explique le SNICS :
« Une
licence générale inclurait les enseignements propres à la formation infirmière
et des enseignements transversaux (communs à la licence des sciences de la
vie, des sciences humaines…). Le programme des examens pour le diplôme
infirmier serait inclus dans cette licence générale. Cette proposition lève
l’obstacle de l’absence de sélection pour entrer à l’université,
l’admission se faisant sur titre (BAC ou Equivalence).
En
effet du fait du numerus clausus, les étudiants devront avoir été reçus au
concours d’entrée de la formation infirmière pour pouvoir bénéficier des unités
d’enseignements qui sont propres à cette formation mais ils pourront s’inscrire
aux unités d’enseignements transversaux.
Cette
proposition a l’avantage d’une inscription choisie d’emblée pour les études
d’infirmières et non par échec au concours d’entrée (des études médicales par
exemple) comme on aurait pu s’y attendre lorsqu’une première année commune pour
toutes les professions de santé avait été envisagée.
La formation infirmière
« bi-diplômante » est donc possible : diplôme de licence et
diplôme d’Etat. »Possible, mais non mis en œuvre pour l’instant. Voilà où nous en sommes : des propositions, et toujours beaucoup de questions sans réponses de nos institutions !
... Affaire
à suivre !